Rêves et petis plaisirs
Une petite bulle
Une petite bulle, au départ minuscule,
posée sur une feuille, presque ridicule.
Elle observe autour d’elle le monde
et sa drôle de ronde,
sans bouger le petit doigt
ou alors juste un peu, comme ça…
Et puis le vent agite la branche,
doucement d’abord.
Doucement alors,
la petite bulle se penche.
Elle se balance, commence sa danse et lève
bien haut les yeux et la tête
Autour d’elle c’est la fête,
comme dans un rêve.
D’autres bulles, des points et des virgules.
Et puis le vent se met à souffler plus fort.
Plus fort alors
et sans effort
la bulle, au départ minuscule,
se gonfle, rigole et s’envole.
La voilà partie sur son nouveau tapis,
sans parti pris, sans contrepartie.
Elle passe au-dessus de la scène,
virevolte dans la lumière,
s’emplit encore, encore d’oxygène,
trouve des portes et regarde à travers.
Minuscule mini bulle, presque ridicule
qui ne bougeait pas le petit doigt
ou alors juste un peu, comme ça…
On dirait qu’elle n’a plus peur,
on dirait qu’elle a le droit.
Oui, on dirait bien qu’il est l’heure
d’être légitime dans ses choix.
S’autoriser enfin à prendre une place
pour se coller aux autres ou pour remplir l’espace.
En suivant le courant,
en courant dans le vent,
enlevant les verrous
enlevant les barrières
pour se barrer.
Vers où ?
Certainement pas en arrière.
Certes, elle part à l’aventure,
certaine ou pas, qu’importe,
le futur ne se commande pas
comme pour toutes les autres,
toutes les autres bulles,
grandes, moyennes ou minuscules.
Ce qui compte ce n’est pas la taille ni la couleur,
verte, jaune ou bien rouge écarlate,
Car la bulle au bout du compte,
car la bulle au bout du conte éclate.
Et que la terre est belle alors, quel bonheur !
Que la terre est belle de si bonne heure !
Le jour se lève à peine,
mes deux mains s’éveillent tout de même
et ramassent ce qui reste de la bulle :
Une parenthèse inattendue, des points d’exclamation,
des apostrophes, des virgules,
quelques points de suspension,
des patates, des fous rires, des pépites et des étoiles.
Déjà demain s’affole
et mes deux pieds quittent le sol.
Me voilà prête pour composer une nouvelle toile.
La voisine, 28-29/11/2014.
Les fleurs de mon jardin
Comme elles sentent bon les fleurs de mon jardin !
Comme elles sont belles, comme elles sont fières !
Comme je les aime ce soir
Et toutes les nuits où la lune leur sourit !
Je me suis attachée à ce bout de nature.
Je l’ai chéri comme un enfant,
M’émerveillant tous les jours
Des surprises qu’il me prépare en silence.
Je lui ai confié mes secrets
Tout en le regardant grandir
Et se répandre devant ma porte.
En réponse, il m’a donné ses fruits,
Ses couleurs et son parfum.
Pourtant je sais que l’été ne durera pas.
Je sais déjà que viendra l’heure de se quitter,
Doucement, dans lumière pâle des matinées d’octobre.
Les couleurs vont s’éteindre
Et la brume recouvrira peu à peu
Le parfum enivrant de ces soirées aux portes ouvertes.
Ne resteront plus alors que des souvenirs,
Savoureux, chauds et enveloppants.
Les restes d’un moment de vie éphémère
Qui ont ensoleillé la mienne,
Désormais bien au chaud devant la cheminée.
Comme elles sentent bon les fleurs de mon jardin !
Profitons-en !
La voisine, le 25/07/2014.
Ecrire
Ecrire pour oublier que l’on ne parle pas, que l’on ne parle plus. Communiquer seulement avec la page blanche qui se remplit petit à petit.
Ecrire pour ne pas voir le temps qu’il fait dehors, le temps qui passe et qui transforme tout. Partager ses émotions ses sensations avec personne d’autre que sa plume.
Ecrire comme un besoin pressant, une bouffée d’air, une envie de sucre dont on ne peut se passer. Laisser courir sa main, son esprit sans plus savoir les contrôler.
Ecrire comme sa seule raison de vivre tout d’un coup, comme si l’on ne pouvait faire que cela, comme si le monde n’existait pas. Plonger dans la mélancolie et puis l’espoir, la frénésie, la boulimie et puis le vide, la solitude, le silence.
Ecrire pour regarder nulle part, pour regarder partout, pour sentir chaque chose et ne rien y comprendre. Rechercher le bonheur que l’on fuit en courant. Courir, courir encore comme si c’était la première fois, comme si c’était la dernière.
Ecrire parce qu’il n’y a rien d’autre à faire. Disposer des lettres les unes après les autres, former des mots qui ne voudront rien dire.
Ecrire pour oublier que l’on ne parle plus, pour ne pas voir les rides sur nos mains fatiguées, pour défier l’horloge qui ne veut pas s’arrêter, quelques secondes au moins.
Ecrire pour faire comme tous les autres, trouver une logique, saisir un sens.
Ecrire jusqu’à la fin de sa vie, comme on se lève, comme on respire. Comme on pleure sur une musique, comme on s’enivre d’un baiser.
Ecrire en attendant la fin qui ne vient pas.
La voisine, le 26/04/2008.
Un oeil dans le ciel
C'est un oeil dans le ciel où chante la lumière,
C'est le coeur d'une étoile que l'on voit de plus près,
C'est l'écorce d'un arbre qui ferme nos paupières,
C'est le souffle du vent qui nous cache à jamais.
C'est le pont de pirates parés à l'abordage,
C'est la tour de la belle qui sourit à la lune,
C'est le vaisseau de bois qui s'enfuit dans l'orage,
C'est la boite à musique des images nocturnes.
C'est l'oreille à laquelle on confie ses secrets,
C'est l'écho de nos rêves que l'on peut entendre,
C'est le rire d'un enfant qui surgit du passé,
C'est l'atelier du fou qui ne veut plus descendre.
La voisine, le 14/08/2014.