la-page-de-la-voisine

la-page-de-la-voisine

Regards dans le miroir


Je suis née...

Je suis née

Sur un banc d'école,

Dans une bulle de chewing-gum,

Dans une cabane perchée en haut des arbres,

Dans le regard figé d'une poupée de porcelaine.

 

Je suis née

Par la fenêtre d'un train parcourant la campagne,

Sur le sable livide d'une plage déserte,

Au milieu de la foule d'une aérogare,

Blottie contre l'écorce d'un chêne centenaire.

 

Je suis née

Sur le coin d'une table de bistrot,

Sur un bout de nappe chiffonné l'instant d'après,

Au verso du dernier ticket de caisse

Ou de l'enveloppe d'une déclaration d'impôts.

 

Je suis née pour quelques minutes, quelques heures ou un peu plus.

Parfois j'ai vieilli avant d'avoir existé.

D'autres fois je suis restée jeune toute ma vie sans que quiconque ne parvienne à me dompter.

 

La voisine, le 12/10/2016.


19/10/2016
1 Poster un commentaire

Canicule

Compter les jours, compter les heures, compter les battements du coeur.

Se raccrocher à la mesure, au tempo de la vie pour oublier que le temps passe trop lentement.

 

Regarder le soleil brûler le bleu du ciel, regarder l'eau s'évaporer du verre, regarder la fumée de ma cigarette s'échapper par la fenêtre.

Se réfugier derrière les volets fermés jusqu'au retour de la lune pour oublier que le temps se gaspille sans toi.

 

Laisser pleurer mes yeux tout secs, laisser mon corps se mettre en boule, laisser mon âme errer au plafond.

Se suspendre aux ailes de l'ange qui passe, à son souffle sur mon front qui m'emporte loin d'ici, à sa voix douce qui apaise mes nuits et me fait oublier le temps d'un sourire les fantômes de mes jours.

 

La voisine, le 27/08/2016.


27/08/2016
4 Poster un commentaire

Ça y est, j'ai un iPhone !

Ça y est, j'ai un iPhone ! Depuis hier. Ça y est, je suis comme tout le monde ou presque.

 

J'ai abandonné mon vieux téléphone à 15 centimes, lui qui se voulait aussi gros que le boeuf d'Apple mais qui n'a même pas l'étoffe d'un oeuf à la coque. D'ailleurs, il n'en a même pas, de coque.

Je l'ai jeté au fond d'un tiroir, quelque part entre les stylos qui ne marchent plus et les clés qui n'ont jamais ouvert de portes, en tout cas pas les miennes.

 

Fallait voir les yeux qu'il m'a faits. C'est sûr, on n'efface pas 3 ans ou plus de sa carte mémoire comme ça.

Il m'a regardée avec son petit écran tactile (ou martelable devrais-je dire), j'ai même cru deviner quelques cristaux liquides perler de son micro poussiéreux. Je l'ai entendu longuement gémir au fond du vieux meuble en bois.

Il ne pouvait pas se résoudre à finir comme ça, jeté au rebut tel un vulgaire appareil photo jetable des années 80.

 

C'est vrai qu'il m'a suivie partout. Il en connaît des choses sur ma vie.

Il en a traversé des tempêtes et des naufrages, des fonds de sac à main remplis de tabac, des nuits à attendre que je vienne le récupérer sous le siège de la voiture, des sauts périlleux sans filet du haut d'un escalier ou sur un passage piétons.

Il en a passé des longues soirées où je n'ai pas cessé de le réveiller toutes les 5 minutes dans l'espoir d'un message qui me délivrerait enfin et me plongerait dans un sommeil de princesse.

Il en a entendu des secrets, des confidences, des coups de gueule et des éclats de rire.

Il en a immortalisé des moments, volés, éphémères, insignifiants parfois sauf pour celui qui les vit.

 

Et voilà qu'un beau jour, sans prévenir, ce qu'il redoutait se produit : l'iPhone entre dans ma vie et je succombe aussitôt.

Mes doigts glissent aisément contre lui, comme une patineuse artistique sur la glace des JO. Je me sens l'âme d'une championne tout d'un coup. Je déploie mes ailes, je quitte le sol et vole au-dessus des ondes électromagnétiques. Les pages et les applications défilent.

Il connaît tellement de choses, lui ! A tel point qu'il devine ce que je veux écrire dans mes messages. Il me suggère, il me reprend, me corrige, m'impose ses mots.

Comme il est fort ! Je le laisse faire, séduite par tant d'assurance et tant d'aplomb.

 

De l'autre côté de la pièce, le fond du tiroir ne gémit plus.

Et l'iPhone s'installe, s'étend, se répand. En à peine une journée, c'est lui qui a pris le contrôle.

Faut dire qu'il y avait du boulot, toute une éducation Apple à faire...

Je me sens gourde et maladroite en face de lui, je cherche où poser mes doigts : ne pas refaire la même erreur que tout à l'heure, me souvenir du parcours, du circuit logique pour aller d'un point à un autre de son anatomie. Je le farfouille, je le triture, j'ai un peu honte.

Mais il reste là, patient et imperturbable devant son élève. Il garde son allure fière et sûre car il sait que le jeune Padawan que je suis finira par maîtriser la Force pour devenir un vrai Jedi de l'iPhone.

Au bout de quelques heures cependant, il se met à bâiller et, sans autre forme de procès, part se coucher.

Ah bon !

 

Qu'est-ce que vous voulez, on joue dans la cour des grands maintenant, on est passé pro. Et les pros, ça se ménage. Et ça se paye. Un peu comme au foot. D'ailleurs ça je l'ai vite compris.

C'est qu'il a ses petits secrets lui aussi, il ne dit pas tout, il en garde un peu sous la coque le coquin.

Car j'avais juste oublié un petit détail : mon forfait n'inclut pas les connexions internet...

 

PS :  la voisine et son nouvel iPhone sont fiers de vous annoncer que le site d'Objective Plume est à présent accessible :

http://objective-plume.fr/

N'hésitez pas à y aller faire un tour !!

 

LOGO (2).jpg
Bonne soirée et à très bientôt pour de nouvelles aventures !*


01/02/2016
5 Poster un commentaire

Où étions-nous passée ?

Chers amis lecteurs, bonsoir !

 

Eh bien eh bien, où étions-nous passée tout ce temps ?

Plus d'un mois sans donner de nouvelles...

 

En hibernation ?

En vacances ?

Enrhumée ?

Endormie ?

 

Non, bien qu'au chômage, la voisine était en plein travail.

Et oui, en ce début d'année, que je vous souhaite à tous bonne, très bonne, heureuse et même plus que ça, de nouvelles aventures se préparent pour la voisine.

 

Tout d'abord, elle a fait un peu de ménage sur sa page. Ça ne se voit peu-être pas au premier coup d'oeil mais je vous jure que si. Un peu de rangement, ça ne fait pas de mal ! Et ça déjà ça prend un peu de temps.

 

Mais ce n'est pas tout !

Maintenant qu'elle a un bureau tout neuf avec cheminée intégrée, elle s'est lancée à l'assaut de l'entrepreneuriat (ou -nariat, c'est comme on veut).

Nooon !! Siiii !!!

Dès le mois prochain, elle démarre son activité de formatrice indépendante.

Au programme : formation en langue française, ateliers d'écriture, correction et rédaction de documents écrits....à bonne en tendeur...

Alors la paperasse, les démarches administratives et le travail de communication, ça occupe son homme, ou sa femme. Ici c'est les deux !

 

Enfin, elle poursuit son projet d'écriture d'un roman commencé au printemps dernier. Les grandes lignes sont tracées, le plan est dessiné, la rédaction a débuté... On marche sur des oeufs, mais on marche quand-même et c'est le principal. On peut même déjà vous en donner le titre :

"Sacrée Famille"

 

Si ça c'est pas du scoop !

Ça valait le coup d'attendre un peu, non ?

 

Et pour me faire pardonner de cette longue absence, un nouveau texte et une fleur du jardin, comme ça, cadeau, pour vous qui êtes chez vous.

(Spéciale dédicace à notre Champion national, qui va nous manquer...)

 

Bonne lecture,

bonne nuit

et à tout bientôt, promis !*

 

 

Où étais-tu passée?

L'année a commencé et tu n'étais pas là.

Je t'ai attendue, avec ma coupe de champagne et mon sac de confettis.

Je m'étais faite belle pour que tu me serres dans tes bras aux douze coups de minuit.

Pour que tu me colles contre toi et me dises, le nez dans mes cheveux, que tout irait bien.

Où étais-tu passée?

Je t'ai cherchée toute la nuit et tous les jours d'après.

J'en ai eu mal à la tête, mal au ventre, mal aux pieds.

Pourquoi ne répondais-tu pas?

Le chemin ne faisait que commencer et tu me manquais déjà.

Une nouvelle route à dessiner et la douleur à chaque pas.

Cette piqûre qui vient de l'intérieur et se réveille quand tu t'en vas.

Je me suis dit que je pouvais y arriver seule et j'ai repris mon balluchon.

Aussitôt ma roulotte s'est mise à trembler et j'ai eu peur de tomber.

Alors je me suis accrochée aux branches et j'ai flotté.

Où étais-tu passée?

J'ai écouté le vent qui n'avait rien de beau à me raconter.

J'ai senti les gouttes de pluie me picorer le visage et faire des boucles dans mes cheveux.

J'ai regardé les nuages vider leur sac d'atrocités.

J'ai goutté la colère du bout de bois qui me servait de radeau.

J'ai flotté au milieu de l'hiver,

au milieu de cette chambre où tu m'as enfermée,

sur ce grand lit où tu m'as attachée.

Et puis un matin, j'ai aperçu ta silhouette se dessiner au loin.

C'était bien toi.

Où étais-tu passée?

J'ai lâché la branche et j'ai posé ma main dans la tienne.

Je n'ai rien osé te dire.

Tes yeux regardaient droit devant, alors je t'ai suivie.

 

La voisine, le 18/01/2016.

 

_DSC7141.JPG

 

Qu'elle brille,

Qu'elle pétille,

Qu'elle soit folle

Et pleine de couleurs.

Qu'elle ressemble à une soirée entre copains qui ne se finirait jamais,

Qu'elle soit aussi douce que les bras qui m'ont serrée à minuit,

Qu'elle se remplisse de tout ce qui peut faire un verre plein

Et ne se vide que de ce dont on n'a vraiment plus besoin.

Qu'elle rigole,

Qu'elle danse,

Qu'elle chante

En se tenant debout,

Toujours debout.

Qu'elle continue de dire bonjour,

Toujours bonjour,

Rien que bonjour.

 

La voisine, le 19/01/2016.

 

 

 


18/01/2016
2 Poster un commentaire

Ces blogs de Littérature & Poésie pourraient vous intéresser