Toutes ces vies
Ce soir je me sens lourde, comme trop pleine de toutes ces vies qui ne m'appartiennent pas et qui débordent de chaque pore de ma peau.
Comment m'en délester, m'en détacher un peu puisque ce ne sont pas les miennes ?
Comment ne plus croire tous ces yeux qui me disent que je suis la seule à les comprendre ?
Non, ils ne sont pas seuls, et moi non plus.
Et pourtant.
Nous nous retrouvons bien souvent, eux et moi, assis sur un banc, un siège de bus, devant une porte, dans un couloir, pendus au téléphone.
Nous nous retrouvons bien souvent, eux et moi, à traverser la ville, à remuer ciel et terre, à fouiller dans le passé pour sauver le présent, tenter de préserver l'avenir.
Nous nous retrouvons bien souvent, eux et moi, assis quelque part entre ici et ailleurs, à attendre que quelqu'un décroche, nous fasse entrer, daigne nous répondre.
Assis là à attendre qu'on nous tende la main, eux et moi, à continuer d'espérer, à garder un semblant d'ambition et de dignité.
Ce soir je me sens lourde et ivre, noyée dans un océan de fantômes dont les visages familiers continuent de m'appeler.
Je ne peux me résoudre, ce soir encore, à regagner la seule place qu'il reste sur le canot de sauvetage.
La voisine, 26/03-01/04/2015.
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