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Ça y est, j'ai un iPhone !

Ça y est, j'ai un iPhone ! Depuis hier. Ça y est, je suis comme tout le monde ou presque.

 

J'ai abandonné mon vieux téléphone à 15 centimes, lui qui se voulait aussi gros que le boeuf d'Apple mais qui n'a même pas l'étoffe d'un oeuf à la coque. D'ailleurs, il n'en a même pas, de coque.

Je l'ai jeté au fond d'un tiroir, quelque part entre les stylos qui ne marchent plus et les clés qui n'ont jamais ouvert de portes, en tout cas pas les miennes.

 

Fallait voir les yeux qu'il m'a faits. C'est sûr, on n'efface pas 3 ans ou plus de sa carte mémoire comme ça.

Il m'a regardée avec son petit écran tactile (ou martelable devrais-je dire), j'ai même cru deviner quelques cristaux liquides perler de son micro poussiéreux. Je l'ai entendu longuement gémir au fond du vieux meuble en bois.

Il ne pouvait pas se résoudre à finir comme ça, jeté au rebut tel un vulgaire appareil photo jetable des années 80.

 

C'est vrai qu'il m'a suivie partout. Il en connaît des choses sur ma vie.

Il en a traversé des tempêtes et des naufrages, des fonds de sac à main remplis de tabac, des nuits à attendre que je vienne le récupérer sous le siège de la voiture, des sauts périlleux sans filet du haut d'un escalier ou sur un passage piétons.

Il en a passé des longues soirées où je n'ai pas cessé de le réveiller toutes les 5 minutes dans l'espoir d'un message qui me délivrerait enfin et me plongerait dans un sommeil de princesse.

Il en a entendu des secrets, des confidences, des coups de gueule et des éclats de rire.

Il en a immortalisé des moments, volés, éphémères, insignifiants parfois sauf pour celui qui les vit.

 

Et voilà qu'un beau jour, sans prévenir, ce qu'il redoutait se produit : l'iPhone entre dans ma vie et je succombe aussitôt.

Mes doigts glissent aisément contre lui, comme une patineuse artistique sur la glace des JO. Je me sens l'âme d'une championne tout d'un coup. Je déploie mes ailes, je quitte le sol et vole au-dessus des ondes électromagnétiques. Les pages et les applications défilent.

Il connaît tellement de choses, lui ! A tel point qu'il devine ce que je veux écrire dans mes messages. Il me suggère, il me reprend, me corrige, m'impose ses mots.

Comme il est fort ! Je le laisse faire, séduite par tant d'assurance et tant d'aplomb.

 

De l'autre côté de la pièce, le fond du tiroir ne gémit plus.

Et l'iPhone s'installe, s'étend, se répand. En à peine une journée, c'est lui qui a pris le contrôle.

Faut dire qu'il y avait du boulot, toute une éducation Apple à faire...

Je me sens gourde et maladroite en face de lui, je cherche où poser mes doigts : ne pas refaire la même erreur que tout à l'heure, me souvenir du parcours, du circuit logique pour aller d'un point à un autre de son anatomie. Je le farfouille, je le triture, j'ai un peu honte.

Mais il reste là, patient et imperturbable devant son élève. Il garde son allure fière et sûre car il sait que le jeune Padawan que je suis finira par maîtriser la Force pour devenir un vrai Jedi de l'iPhone.

Au bout de quelques heures cependant, il se met à bâiller et, sans autre forme de procès, part se coucher.

Ah bon !

 

Qu'est-ce que vous voulez, on joue dans la cour des grands maintenant, on est passé pro. Et les pros, ça se ménage. Et ça se paye. Un peu comme au foot. D'ailleurs ça je l'ai vite compris.

C'est qu'il a ses petits secrets lui aussi, il ne dit pas tout, il en garde un peu sous la coque le coquin.

Car j'avais juste oublié un petit détail : mon forfait n'inclut pas les connexions internet...

 

PS :  la voisine et son nouvel iPhone sont fiers de vous annoncer que le site d'Objective Plume est à présent accessible :

http://objective-plume.fr/

N'hésitez pas à y aller faire un tour !!

 

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Bonne soirée et à très bientôt pour de nouvelles aventures !*



01/02/2016
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